Qu’est-ce qu’un problème de réflexe Archaïque ?


Un enfant qui ne tient pas en place ? Des problèmes d’apprentissage à l’école ? Des troubles dys ou tda/h… Des maladresses à répétition ? Une humeur changeante et des émotions difficiles à maîtriser ? Des expressions du visage provocantes ? Un manque de volonté et de persévérance ?

Et si on pouvait faire quelque chose pour résoudre ces petits désagréments ou au moins les atténuer ? Mon amie Caroline, maman de Sid, 14 ans, Noah, 8 ans et Isis, 5 ans, avait très envie de partager sa découverte des réflexes archaïques. 

Au programme de cet article : 

Rencontre avec les réflexes primitifs

Il y a quelques mois, je buvais un café avec une amie. Elle me raconte. “ Son fils, en CE1, a du mal à l’école : il ne veut pas y aller. Il a peur. Il ne finit jamais ses devoirs en classe (en fait, il rend des feuilles blanches et refuse de les faire). Aïe. Dur. Et puis elle me raconte que tout a changé quand elle a rencontré un praticien qui a travaillé sur les réflexes archaïques. Une discussion, quelques gestes. Des exercices quotidiens à faire à la maison. Et quelques jours plus tard, la maîtresse interpelle mon amie : que s’est-il passé ? Qu’a-t-elle fait à son enfant ? Il est transformé, il participe en classe, rend ses devoirs, joue dans la cour… ”

“ Travailler sur les réflexes archaïques, c’est comme retirer un caillou dans la chaussure. On ne se rend pas compte qu’il est là, on s’est habitué. Mais qu’est-ce que c’est bien quand on l’enlève !”  

C’est ainsi que la praticienne a commencé à m’expliquer le principe des réflexes archaïques quand j’ai emmené Noah, 8 ans. Elle a aussi proposé l’image d’une maison qu’on construirait sans les fondations : on commence à apprendre à lire ou à écrire, mais dessous, tout vacille ! Le travail sur les réflexes, c’est de reconstruire les fondations pour stabiliser l’édifice.

Les réflexes archaïques : qu’est-ce que c’est ?

Des mouvements réflexes automatiques qui aident à grandir

Les réflexes archaïques ou primitifs, comme leur nom l’indique, sont des mouvements automatiques réflexes qui interviennent de manière involontaire suite à un stimulus extérieur. Ils trouvent leur source souvent in-utéro. Ils ont pour but d’assurer la protection et la survie, et aident à la maturation du système nerveux.

Le corps médical les connaît et les pédiatres en testent quelques-uns dès la naissance puis dans les premiers mois de vie, car ils sont la preuve d’un bon développement du système nerveux et du tonus musculaire du bébé. Près de 70 réflexes primitifs sont répertoriés. Pour en citer quelques-uns :

  • le réflexe de “grasping”où le nouveau-né attrape le doigt pour ne plus le lâcher ;
  • le réflexe de succion-déglutition lorsque le nourrisson tourne la tête pour téter quand on lui caresse la joue ;
  • ou encore le réflexe de Moro (la position du parachutiste) qui est lié à l’équilibre. Bébé écarte les bras et les jambes quand un bruit le surprend.

Normalement, ces réflexes ont un cycle en 3 stades :

  • l’émergence où le “programme s’active” ;
  • la maturation où le mouvement réflexe involontaire est déclenché par un stimulus et répété pendant plusieurs semaines ;
  • et le stade d’intégration où la partie réflexe du mouvement cède peu à peu la place à un acte chaque fois plus volontaire.

Des réflexes qui doivent “disparaître” (s’intégrer) en grandissant

Indispensable dans le développement, il peut arriver que l’une de ces étapes ne se déroule pas correctement.

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Par exemple, lors de l’accouchement, des réflexes préparés in utéro vont œuvrer pour faire avancer le bébé dans le canal utérin. À chaque contraction, Bébé reçoit un stimulus sur le côté de la colonne vertébrale qui lui ordonne de “se tortiller” jusqu’à la sortie. Ce réflexe s’intègre normalement entre 3 et 9 mois.

Si ce n’est pas le cas, par exemple pour les individus nés par césarienne, le réflexe continuera de commander à l’enfant de gigoter… Difficile alors de se “tenir tranquille” lorsqu’on reçoit sans cesse des “impulsions” qui “commandent de bouger”…

Donc quand, pour une raison ou une autre, les réflexes n’apparaissent ou ne s’inhibent pas, cela crée un dysfonctionnement dans le corps : on parle alors d’un réflexe persistant qui parasite les apprentissages.

C’est le petit caillou dans la chaussure. Pas toujours visible, pas forcément très douloureux, mais un peu (ou beaucoup) handicapant.

Des répercussions dans toutes les sphères de l’être

Mis en évidence de manière assez récente, on sait aujourd’hui qu’une majorité de troubles DYS (vous savez les dyslexiques, dyspraxiques, dyscalculiques et autres) présentent des réflexes primaires non intégrés (ce qui ne veut pas dire que ce sont ces réflexes qui ont engendré ces troubles). Ces réflexes ont des répercussions dans toutes les dimensions de la personnalité.

Sur le plan corporel (coordination, posture, motricité)

Plusieurs attitudes ou postures peuvent être des signes de réflexes non intégrés :

  • un enfant qui bouge tout le temps, qui s’assoie en mettant un pied sous ses fesses, qui enroule sa cheville autour du pied de la chaise…
  • des problèmes de coordination, des difficultés dans les activités sportives (attraper une balle…), un besoin de concentration pour reproduire des gestes croisés (par exemple main droite / genou gauche), des maladresses répétées, des problèmes d’équilibre (par exemple, avoir du mal à faire du vélo vers 7/8 ans)…

Sur le plan émotionnel (sécurité, relation, confiance)

Les réflexes primitifs ont aussi une implication sur la sphère émotionnelle : des difficultés de sommeil, la peur du noir, du stress, une difficulté à réguler ses émotions… Bien sûr, les réflexes ne sont pas les seul facteurs, mais s’ils sont en cause, c’est toujours “un petit caillou” facile à éviter.

Sur le plan cognitif (raisonnement, apprentissage, concentration, mémoire)

Dans le domaine de l’apprentissage, les répercussions peuvent aussi être nombreuses. Ils sont repérés dans les troubles dys, dans les troubles de l’attention avec ou sans hyperactivité (tda/h).

Par exemple, dans l’apprentissage de l’écriture, il sera difficile pour un enfant de bien tenir son stylo si le réflexe de grasping fait que les doigts “s’agrippent” autour du crayon.
Pour la lecture, pas facile d’apprendre à lire quand les yeux ne peuvent pas suivre une ligne horizontalement…

Pourquoi certains réflexes restent actifs ou non intégrés ?

Cela peut être lié à un stress pendant la grossesse, à un accouchement difficile ou une naissance par césarienne, à des vécus traumatisants pour l’enfant, à des séquelles de maladies

Nombres de réflexes s’acquièrent et s’intègrent pendant la première année. Les étapes d’évolution du bébé sont primordiales : le retournement, le ramper, le 4 pattes, le fait d’apprendre à s’asseoir et à se mettre debout seul (la position du chevalier-servant, un genou à terre)…

Si les mouvements de bébé sont entravés par les transats, trotteurs, youpala, parcs et autres “objets d’assistance”, il ne pourra pas réaliser les gestes nécessaires à l’inhibition des réflexes. Voilà qui milite pour la motricité libre.

À quel âge faut-il se préoccuper de l’intégration des réflexes primitifs ?

Comme pour tout, à chacun son rythme. Le cycle des réflexes est propre à chacun mais on considère qu’il se termine, en général, autour de 3 ans. Sauf trouble évident, il peut être intéressant de faire un bilan autour de l’entrée en CP, vers 6 ans. Cela peut éviter à l’enfant d’accumuler trop de retard et de mettre en place des stratégies qui seront plus difficiles à éliminer.

Si le caillou dans la chaussure nous gêne trop longtemps pour courir, même une fois enlevé, ce sera difficile de rattraper le retard. 

Pour autant, certains praticiens préfèrent que les enfants soient demandeurs, car ils sont pleinement acteurs dans ce processus.

L’intégration des réflexes archaïques, une thérapie efficace

La première étape pour retirer le caillou dans la chaussure, c’est de regarder dedans .

Un bilan, un travail en cabinet, des exercices à la maison

Votre enfant a des difficultés pour apprendre à lire et à écrire ? Il renverse tout ? Elle a une peur du noir incontrôlable ? Il est hypersensible ? Peut-être a-t-il quelques réflexes non inhibés qui l’empêchent de progresser. (Je précise, on ne parle pas ici de traiter la  dysphasie, dyspraxie ou dysgraphie.)

  • Première étape : faire réaliser un bilan des réflexes archaïques.
  • Ensuite, le praticien proposera un suivi. En général, il faut compter 8 à 15 séances mais 2 à 6 séances peuvent suffire. Il va travailler en cabinet avec l’enfant (ou l’adulte 😉 ), parfois manuellement, parfois en lui proposant des mouvements à réaliser… Ces actions viennent aider le cerveau à intégrer les réflexes encore actifs.
  • Enfin, les exercices se prolongeront à la maison : 3 à  5 minutes tous les jours pendant plusieurs semaines.
    Pour Noah, le rituel du soir s’est enrichi : c’est les dents, pyjama et réflexes (5 minutes chaque soir). Finalement, ça s’est un peu installé comme un moment privilégié, comme on le ferait d’un petit massage avant de dormir ou d’une histoire.
Bien sûr, aucune pratique n’est magique. Les troubles Dys ou de l’attention ont souvent plusieurs causes. Un enfant « dys » restera « dys » toute sa vie. Mais le travail d’intégration des réflexes permettra d’en atténuer les conséquences. Par exemple, un adolescent dyslexique qui aurait fait un travail d’intégration des réflexes couplé à d’autres méthodes (ergothérapie, psychologue, ostéopathe, podologue…) pourra améliorer sa façon de lire.

Comment trouver un praticien en neuro-intégration ?

Différentes techniques (écoles) existent : l’Intégration Motrice Primordiale (IMP) , le Blomberg Rythmic Trainic, le Rythmic Movement Training (RMTi). D’autres approches, comme la Brain Gym utilise également le travail sur les réflexes à travers une approche éducative corporelle pour développer le potentiel.

Comme toute autre méthode, il n’y a pas de magie. La question est de savoir si elle est adaptée à votre enfant : le massage, l’ostéopathie, la microkiné, les neurosciences peuvent être d’autres pistes intéressantes à explorer… Sans en abuser.

En tant que maman, j’ai trouvé très rassurant de savoir que tout dans le comportement de notre enfant n’est pas une question de volonté. Oui, ils peuvent vraiment faire de leur mieux et ne pas réussir pour autant ! Il n’est pas toujours facile de faire la différence entre ce qui est du tempérament de notre enfant, et ce qui peut être allégé pour leur faciliter la vie.

Difficile de trouver l’équilibre entre souffler sur les grains de sable avant qu’ils ne s’installent, les laisser apprendre à retirer eux-même le petit caillou (car ils sont tellement créatifs !) ou les prendre par la main pour contourner le rocher 😉

 

Article issu du site : www.coolparentsmakehappykids.com